Le dispositif du Simplon
Pierre Delévaux et Serge Monnerat nous ont concocté un programme alléchants. Deux cars nous ont conduits, à proximité de la gare de Gampel pour un café/croissant en campagne. Pour les participants, ce fut l’occasion de retrouvailles.
Un groupe se rendait dans un premier temps à Naters, puis il rejoignait l’autre groupe pour un repas en commun à l’hospice. Durant l’après-midi, nous avons ensuite visité le fort de Gondo.
Dans les années 1990, j’avais fait du service dans la région du Simplon. A cette époque, mon intérêt pour les fortifications n’était pas encore une passion, mais simplement de la curiosité.
Lors d’un exercice combiné, une partie de ma compagnie a logé dans cette forteresse de Naters que je jugeais peu confortable.
Avec une certaine émotion, je me suis promené dans les couloirs de cette installation, qui a été remaniée de fond en comble depuis son ouverture au public.
Les magasins de munitions ont été convertis en espace d’exposition pour les Gardes Pontificaux et pour des ensembles d’uniformes de notre armée, couvrant la période de la première guerre à nos jours. Les espaces de visite ont été aménagés avec goût et surtout, avec des moyens considérables, grâce à une ribambelle de sponsors. Le Haut-Valais montre une capacité impressionnante à se mobiliser pour un projet et à attirer des fonds de partenaires externes à la région. Il y a, dans cette partie de notre canton un savoir-faire et une volonté de s’unir pour mener à bien un projet. Une belle leçon pour le Bas-Valais !
Le fort de Naters est un bel exemple de ce savoir-faire. Nous avons été accueillis par des guides connaissant leurs installations sur le bout des doigts. Plus qu’une visite, on peut parler d’un échange. L’ouverture du tunnel du Simplon a pour conséquence la mise en place d’un dispositif défensif comprenant une vingtaine d’objets, dans le tunnel lui-même et aux alentours du portail nord. Parallèlement, les Italiens installent un système défensif au portail sud. La sortie du tunnel est barrée par une suite de grilles et de portes blindées. Un dispositif de déraillement et des ouvrages minés permanents compléteront le concept.
Dès l’année 1935, on envisage la construction de l’ouvrage fortifié de Naters, sur la rive gauche du Rhône. L’emplacement définitif sera toutefois choisi dans la paroi rocheuse située au-dessus de la localité de Naters. Les travaux de construction débutent en février 1939 et le gros œuvre est terminé au début de l’automne. Durant le service actif, l’armement est complété, comprenant dès lors 2 canons de 10,5 cm, 4 canons de 7,5cm ainsi que 6 mitrailleuses. La défense extérieure comprend des positions pour des canons de défense contre avions de 20 mm et pour des mortiers de 8,1 cm. La capacité de logement du fort est d’environ 180 personnes.
L’ouvrage assure l’appui de feu défensif par l’artillerie sur le col du Simplon, sur le secteur Simplon Village – Gabi – Gondo, et les appuis de feu en tir direct sur la gare de Brigue et sur la sortie nord du tunnel du Simplon.
La zone d’efficacité des canons 10,5cm de l’ouvrage de Naters a comme limite gauche la ligne Brigue – secteur à l’est du Monte Léone (inclus) et comme limite droite ligne Brigue – secteur à l’ouest du Fletschorn (inclus). La portée maximum couvre Iselle (portail sud du tunnel) sur l’axe routier du Simplon. En plus de ces trois positions de barrage, le secteur comprend une série d’ouvrages, de barricades antichars, d’objets minés permanents, de postes de commandement et d’abris souterrains pour la troupe.
Dans un secteur que nous n’avons pas visité, l’ouvrage comporte également une unité de repérage d’avions qui avait pour mission d’observer visuellement les accès aériens, hors de portée des radars. S’agissant d’une unité du service complémentaire féminin, les accès étaient séparés et indépendants.
Arrivés à l’hospice, nos «forteressards» nous ont rendus attentifs au fait que le col possédait également une série d’ouvrages de barrages situés sur le haut plateau, sur les versants sud et au nord du col. Ils comprennent une vingtaine d’objets, essentiellement des positions d’armes d’infanterie, des abris, des cantonnements sous roc et des dépôts protégés. La plupart de ces ouvrages ont été construits par la brigade de montagne 11 durant le service actif 1939-1945.
C’est dans la simplicité du réfectoire de l’hospice que nous avons «soigné la camaraderie».