Située à 1400 m d’altitude, dans l’arête rocheuse de l’Aiguille, la galerie des 10,5, avec ses 500 m de long et ses 9 ramifications, permettait d’accéder à 10 embrasures avec des canons de 10,5 cm mobiles dont les différentes directions de tir constituaient 3 batteries (bttr) intégrées dans le plus grand complexe relié de fortifications en Suisse. Sa dotation de munitions, alors plus faible que de nos jours, était entreposée dans 3 magasins de munitions (MM), répartis sur une distance de 80 m. Chaque MM contenait environ 5500 obus avec leurs charges ainsi que de la munition d’infanterie, soit un total de 449 tonnes dont 29 de trotyle et 77 de nitrocellulose (base des poudres sans fumée).

C’était il y a 50 ans, le mardi 28 mai 1946. C’était hier, et pourquoi pas (si vous le permettez) aujourd’hui… Il est 23h38, une lueur vive illumine l’Aiguille, suivie immédiatement d’une forte explosion sourde. Une minute plus tard le même effet se reproduit et des pierres sont projetées jusque sur les toits de Morcles, la terre tremble jusqu’à Lavey. Trois à quatre minutes après, une troisième explosion un peu moins forte; à cet instant le courant électrique est interrompu à Dailly et Morcles et le téléphone automatique ne fonctionne plus. Des lueurs traçantes environnent L’Aiguille et une multitude de petites explosions provoquées par l’éclatement de projectiles se font entendre avec la chute de rochers et d’arbres au-dessus de Lavey. Le souffle des explosions se répand dans presque tout l’ouvrage, des gaz sortent jusqu’à la Place du Casino à Savatan (entrée Blockhaus).
Avec un courage remarquable, quelques garde-forts (GF) aidés par des soldats réussissent à maîtriser un incendie qui a éclaté à l’atelier de mécanique proche de deux dépôts de munitions. Déjà à 1h30, des GF équipés d’appareils « O » (oxygène) recherchent une partie des 18 ouvriers qui travaillent de nuit pour compenser par avance les heures du « pont » de l’Ascension. A la caserne XII, neuf hommes de l’entreprise Ganty de Pully étaient occupés à des travaux de réfection de la maçonnerie, dont quatre à l’extérieur. Dans la galerie du funiculaire, longue de 560 m, qui relie Savatan, travaillaient 9 mineurs de l’entreprise Liebhauser de Montreux dont 2 à la station supérieure, 3 à 80 m en-dessous et 4 à 200 m. A l’intérieur de la cas XII, on se rend compte que les ouvriers doivent être morts. A 4h, on retrouve dans la galerie du funiculaire, 3 hommes qui ont chuté jusqu’au bas, tandis que 2 étaient arrivés à quelques mètres seulement de la sortie de l’attaque intermédiaire. Les autres ont pu s’échapper vers Dailly au travers des gaz, deux ayant réussi à remonter 80 m de cette galerie particulièrement en pente (102 %). Le cap Imesch, aumônier de la Garnison, descend à 4h30 par le sentier militaire car un ouvrier vers la galerie d’attaque intermédiaire a le pouls qui bat encore. A son arrivée il rencontre le médecin de la Garnison qui déjà, n’a pu que constater le décès.
A 8h, on commence les travaux de déblaiement de la caserne XII où trois corps sont retrouvés, mais à 10h30 on interrompt les recherches car les lampes de poches ne suffisent plus et les lampes à gaz sont trop dangereuses. L’usage d’une génératrice fournie par l’arsenal de St-Maurice, permet de découvrir à 17h30 les 2 derniers hommes. Par la suite, l’autopsie des victimes révélera que toutes furent intoxiquées par le CO (gaz de combustion des poudres). Sur les 5 de la caserne XII, 3 avaient des lésions dues aux chutes de pierres et l’une en était morte avant que le CO n’exerce pleinement son effet. Les lésions des hommes morts à la galerie du funiculaire ont été causées vraisemblablement par des chutes dues à leur intoxication et à l’obscurité provoquée par l’interruption du courant.
L’effectif stationné par chance à l’extérieur cette nuit est de 286 hommes, répartis de la façon suivante:
A 11h20, se tient un rapport avec les différents responsables des instances concernées. L’alimentation en eau étant coupée, le col Mamin, commandant de la Garnison, décide de déplacer à Champex l’ER art fort IX et la réalisation de travaux provisoires pour alimenter Dailly, Savatan et Lavey. On recherche les projectiles non éclatés sur le versant de Morcles puis de Lavey. L’accès aux zones sinistrées est interdit en raison des risques d’asphyxie et d’explosion et de l’intérêt de l’enquête demandée par le lt col Jaccard, cdt ar fort 1.
Une partie de la population de Morcles a été évacuée momentanément au camp militaire de St-Maurice.
Le 8 juin, lors de la visite de la commission d’expertise il est constaté:
- A la galerie des 10,5: les 3 MM ont sauté, des munitions sont encore à proximité ainsi qu’aux emplacements de tirs où 4 pièces de 10,5 ont été projetées dans le vide avec les embrasures P2-3/bttr Buits et P3-4/bttr Plex, emportant de grandes masses de roche. On a retrouvé un des blindages de 3 tonnes, placé entre les pièces et les embrasures, à proximité du stand de tir à Lavey. Les bureaux de tirs sont détruits, de même que la station supérieure du téléférique Pré-Landon/Aiguille dont la porte a été arrachée.
- L’entrée Rossignol, à l’opposé de la galerie, est forcée; des munitions et du matériel en partie brûlés obstruent le couloir.
- E2 Nord: pièce arrachée, coupole projetée à une douzaine de mètres dans la Coupure Aiguille qui est démolie. A la sortie du téléférique de Praz-Riond un échafaudage en bois est en partie brûlé

Corridor caserne XIV en direction du quartier sanitaire
- Caserne XIV (cote 1430): constructions intérieures en général démolies et écroulées. La centrale électrique est en grande partie détruite, les 2 réservoirs à mazouts de 1000 litres sont vides. Le quartier sanitaire est complètement détruit. Sas démoli entre cas XIV et gal 10.5, portes arrachées et enfoncées entre cas XIV et cas XIII (cote 1450). Le réservoir à mazout de 187’000 l qui en contenait 105’000 au moment de l’explosion est probablement vide (plus tard on s’apercevra que son contenu s’est déversé sur le versant Nord-ouest de l’Aiguille).
- MM 06 inférieur (cas XIII): porte arrachée, paroi du fond crevée, des projectiles sont renversés et certains au sol.
- Caserne XIV (cote 1430): constructions intérieures en général démolies et écroulées. La centrale électrique est en grande partie détruite, les 2 réservoirs à mazouts de 1000 litres sont vides. Le quartier sanitaire est complètement détruit. Sas démoli entre cas XIV et gal 10.5, portes arrachées et enfoncées entre cas XIV et cas XIII (cote 1450). Le réservoir à mazout de 187’000 l qui en contenait 105’000 au moment de l’explosion est probablement vide (plus tard on s’apercevra que son contenu s’est déversé sur le versant Nord-ouest de l’Aiguille).
- MM 06 inférieur (cas XIII): porte arrachée, paroi du fond crevée, des projectiles sont renversés et certains au sol.

Laboratoire de chimie (partie gauche)
- Laboratoire de chimie (cote 1300): murs intérieurs en partie détruits.
- Station de transformation cas XI (cote 1260): Portes forcées.
- MM 2-3-4-6-E3: divers dégâts aux plafonds et parois, projectiles renversés.
- MM St-Maurice (Les Planaux) : éventré, casiers renversés.
- Cas XII (cote 1340): la voûte intérieure a cédé, le quartier du cdmt de la garnison et le central téléphonique sont détruits, les mitrailleuses 1 et 2 complètement démolies.
- Atelier mécanicien (cote 1315): démoli, bureau incendié.
- Cas XV et bttr Golèze (cote 1400): construction intérieure en partie détruite, entrée obstruée par un amas de munition 7,5 et 10,5, obus de 7,5 tombés des étagères.
- Le 11 septembre, le col Rathgeb autorise la visite des lieux à une femme qui tenait à se recueillir à l’endroit où son mari trouva la mort.
L’enquête
Le lendemain de l’explosion, le mercredi 30 mai, le juge d’instruction rencontre lors de la visite extérieure des lieux, M. le Conseiller fédéral Kobelt, chef du DMF, et le col de Montmollin, chef du service de l’EMG, orientés sur place par le lt col Jaccard et le col Mamin. Il décide d’entente avec le Chef du DMF de nommer une commission d’expertise pour élucider les causes de la catastrophes. La presse informée notamment par le col Rathgeb, chef du groupe fortifications du Service de I’EMG, pose quelques problèmes. L’édition alémanique du journal de la FOBB affirme que des erreurs humaines ont été commises et qu’elles seront révélées en temps voulu; de tels propos apparaissent également dans un article du Petit Jurassien de Moutier du 3 juin. Le même jour, un député au Conseil des Etats interpelle le Conseil fédéral à ce sujet. En outre, il fera parvenir au Chef du DMF la lettre qu’il a reçue d’un « citoyen digne de considération, de la région fortifiée de St-Maurice », étonné par le fait qu’à son avis, les deux magasins encore intacts et semblables à ceux qui venaient de sauter, situés juste en-dessus, n’étaient, plus climatisés et qu’au moment où il écrivait ses lignes, personne ne semblait s’en préoccuper.
Après avoir reçu des précisions de la part de la section Montreux-Plaine du Rhône de la FOBB, le col Rathgeb écrit au Juge d’instruction afin d’éviter une campagne de presse; toutefois il admet que les MM n’étaient pas équipés de dispositif avertisseur d’incendie. Certains journaux publient quelques vues aériennes de Dailly après la catastrophe. L’enquête ouverte à ce sujet sera finalement abandonnée.
Le 6 juin, un conseiller national questionne le Conseil fédéral dans le but d’évacuer tous les dépôts de munitions du Bas-Valais en raison des tremblements de terre qui secouent régulièrement la région depuis quelques temps.
Le 22 juin, lors d’une nouvelle réunion des experts, on se demande si le feu aurait débuté d’abord en dehors des MM. L’adj GF Kühni fait remarquer que les bureaux de tirs sont fermés par une porte métallique et séparés par le couloir principal large de 4 m. Puis on écarte le point de vue du Professeur Lugeon de Lausanne, selon lequel des gaz de grisou auraient pu se répandre dans les forts à partir des anciennes mines de Dorénaz.L’adj Kühni précise que des radiateurs électriques étaient en service dans les magasins et il a déclaré qu’à son avis c’est le No 3 qui a explosé le premier, car c’était le seiul dépôt où un appareil de climatisation Carba fonctionnait.
Le 24 juin, le DMF transmet aux experts la lettre d’un radiesthésiste et radiologue qui offre ses services afin de rechercher la cause de l’explosion mais le Professeur Paul Schaerer renonce à cette proposition.
Des experts se déplacent le 26 juin aux Grisons, où une déflagration (heureusement limitée à quelques charges) a éclaté à peine un mois plus tard à l’intérieur d’un grand dépôt souterrain, dans la nuit du 24 au 25 juin. Le thermographe situé dans la galerie 1, à 15 m de la déflagration, a montré que la température a passé de 10 à 19 degrés seulement.
Le 27 juillet, le Directeur de l’administration militaire fédérale, reprenant à son nom une lettre du col Rathgeb, répond simplement au Conseil communal de St-Maurice inquiet pour la sécurité de la population en raison des nombreux ouvrages qui entourent la ville: « (…) nous ne croyons pas qu’il existe des motifs spéciaux de s’alarmer, à St-Maurice pas plus qu’ailleurs. La répartition des magasins à munitions dans la région nous fait admettre que les effets d’une explosion sur la localité ne sont pas à craindre (…) ».
En 1947, le 10 avril le cdt cp GF 10 confirme par écrit les conditions de récupération par un marchand de fer des pots d’embrasures de 10,5 cm situés dans le Bois du Ban. La cp GF met à disposition un homme avec le matériel nécessaire, en contrepartie elle aura droit à récupérer quelques pièces de blindage.
Le rapport des experts, du 12 avril 1947, précise qu’aucun examen n’a permis de mettre en cause la fabrications des munitions. Les essais effectués avec les charges de 10,5 cm en boîtes, soumises à des températures élevées, amènent à penser qu’il faudrait les séparer des projectiles pour l’entreposage. Quant au dégagement d’éther, il est si faible qu’il est impossible de concevoir un mélange inflammable comme étant à l’origine de la catastrophe. Le sinistre ne peut provenir des appareils Carba car ils contenaient du fréon non combustible. On établi que le MM1 a sauté le premier même si la climatisation n’était en service qu’au MM3, car c’est devant celui-ci que le câble haute tension a été déchiré. L’interruption de courant survenue après la troisième explosion le prouve. Les portes du MM1 sont les seules à avoir été retrouvées à l’autre bout de la galerie. Celles des MM2 et 3, enfoncées dans les magasins sous l’effet de la pression de la première explosion, auront ensuite été détruites par l’explosion de leur propre dépôt. Comme aucun indice n’a pu être découvert, qui puisse inclure une influence extérieure, et comme de tous les explosifs entreposés, les poudres à base de nitrocellulose sont les plus instables, il faut retenir leur décomposition comme cause probable de l’incendie. Les boîtes contenant les charges des MM intacts n’ont pas toutes la même température. Ce fait confirmé par l’adj Kühni s’observe au premier contact avec la main. La décomposition peut avoir été provoquée par une durée raccourcie du stabilisateur où sous l’effet d’un catalyseur. Les propositions des experts mèneront par la suite à l’application des mesures de sécurité que l’on connaît aujourd’hui.
Le 10 janvier, sur la base du rapport d’expertise, le juge d’instruction décide de clore l’enquête en prononçant une ordonnance de non-lieu. Les résultats sont publiés douze jours plus tard dans un communiqué de presse de la chancellerie fédérale.
Les projets de reconstruction
Dès le 17 juillet 1946, on établit des projets pour renforcer la position de St-Maurice:
2 tourelles 10,5 supplémentaires à Dailly, éventuellement 6 tourelles de 15 cm L 42 comprenant les 2 de 10,5 qui seraient transformées, ainsi que 2 bttr de 15 cm dont une à l’emplacement de la bttr Nord et l’autre dans la paroi Sud. Cette dernière, placée au-dessus du sentier de Morcles, pourrait alors être reliée à Savatan supérieur. De là, un deuxième funiculaire pour atteindre la plaine où l’on prévoit une bttr de 10,5 antichars (ach) pour le canal de fuite de la future usine électrique et, une pour le Mauvoisin. Chacune de ces bttr ach serait appuyée par une bttr de lance-fusées à 12 tubes sous roc, dans le secteur de l’Availlaz à Savatan. Le tout pour un effectif de 2500 hommes dont 1000 à Savatan.
On prévoit aussi:
- au Scex : le remplacement des 7,5 de l’ermitage par des 7,5 ach
- à Cindey: l’échange des 4 can de 4,7 par des can de 7,5 ach
- idem à Toveyres et Petit-Mont
- aux Follatères: des armes ach plus puissantes et un fort à la Batiaz
Le 2 août, la commission des fortifications se rend à Dailly en vue de procurer à la Commission de défense nationale les données nécessaires pour établir ses futures études concernant la reconstruction des installations. On se prononce sur l’importance et la valeur des fortifications de St-Maurice, mais également du secteur de la br mont 10. On constate unanimement l’insuffisance des armes antichars pour St-Maurice, Evionnaz et Vernayaz. On reconnaît que le canal de fuite de Lavey nécessitera une puissante défense contre les chars.
A Savatan les tourelles de 12 cm et les canons de 5,3 cm manquent de protection suffisante, tout comme certains abris; ils devront être remplacés. Les derniers travaux en cours à la Galerie du Scex en feront un ouvrage moderne à condition de remplacer une partie de l’armement. Quant à Dailly, il faudrait un minimum d’artillerie sous roc. Cette solution en casemates au lieu de tourelles permettrait de reprendre en partie les installations existantes. La cas XIV, trop proche de la surface, ne devra plus être considérée comme caserne de guerre. Le br Tardent, cdt br mont 10, demande provisoirement une bttr de can 10,5 et de lm de 12 et 8,1 cm. Pour terminer, le col Rathgeb expose l’état des fortifications du pays. A Sargans les ouvrages sont achevés à l’exception de l’un, où les canons de 15 cm doivent encore être livrés et d’un autre où les travaux en cours concernent l’aménagement de galeries pour y installer des canons de 10,5 ach.
Au Gothard, il n’y a plus que le central téléphonique d’Airolo et les deux fortins ach de Stgegia au Lukmanier qui ne sont pas encore terminés. Dans la région du lac de Thoune, seuls 2 forts construits par le BBB sont encore armés. Il conviendra de réarmer ceux construits par la troupe, et par la même occasion, y inclure les 2 forts d’artillerie du Pays-d’Enhaut et du Jauntal. Dans la région de Stans un grand fort devra encore être armé. Concernant les ouvrages frontières, seuls des travaux d’entretien, par endroits importants, seront nécessaires.
A ce moment, on pense déjà que la fusée pourrait être la solution au problème du remplacement dans le futur de l’armement lourd des forts.
La reconstruction
En date du 18 mars 1948, on entreprend à Dailly et Savatan une étude géologique en vue de la reconstruction des installations. A part les alentours immédiats de l’explosion, le rocher a bien résisté. Les géologues précisent qu’il faudra injecter du béton dans les fissures autour du centre de l’explosion. Pour les secteurs les plus proches il est recommandé de prendre certaines précautions supplémentaires. A Savatan les résultats de l’étude entraîneront le gunitage de la plupart des galeries en raison de la mauvaise qualité de la roche et non des suites de la catastrophe. Un arrêté fédéral du 23 avril, concernant la reconstruction du fort de Dailly, entre immédiatement en vigueur. Afin de rassurer les citoyens, il est mentionné que les projets tiennent compte des recommandations faites par les experts et que, même si les causes du désastre survenu à Mitholz devaient être révélées par les expertises en cours, les nouveaux travaux à Dailly n’en seraient que peu ou pas modifiés. Le programme prévoit d’améliorer l’ensemble des fortifications de St-Maurice. Un montant de 20’290’000.- est prévu pour les frais de la première étape, dont 5 millions remboursés par les assurances seront déduits après soustractions des frais de déblaiement, de remise en état des munitions endommagées et des indemnités versées aux familles des victimes. Le rapport secret, qui complète le message pour la reconstruction, précise les montants attribués aux divers postes dont un million pour le camouflage et un dispositif de brouillard artificiel.
Pour l’artillerie il est prévu de réarmer dans la première étape seulement la bttr Nord au moyen de canons de 15 cm.\r\n\r\nAinsi la catastrophe de Dailly aura au moins eu un aspect positif sur la place forte de St-Maurice, avec pour conséquences le remplacement des canons de 4,7 par des 7,5 ach à Toveyres et Petit-Mont, la construction d’une bttr 10,5 ach à Cindey et la transformation des ouvrages de Savatan et Dailly. Bien sûr tous les projets ne furent pas réalisés.
Les traces de cet événement tragique resteront pour longtemps visibles aussi bien dans la montagne que dans l’esprit des gens. La route et le pâturage de Praz-Riond furent si touchés, qu’on proposa leur rachat par la Confédération pour éviter des frais trop onéreux. Pour assurer la protection de la forêt des Buits il a fallu construire 2 barrages et tailler dans la roche une canalisation pour dévier les eaux de pluies. Au Bois du Ban, c’est 23 barrages qui seront nécessaires, sans compter les plantations. La commune de Lavey a touché 38’000.- d’indemnité et les soldats engagés au travaux de nettoyage reçurent 2.- de plus par jour pour les risques encourus. Le 26 décembre 1947, la municipalité de St-Maurice a écrit au DMF qu’elle s’opposera avec la population à la création de nouveaux dépôts de munitions dans les environs.
Conclusion
Le danger créé par l’entreposage de grandes quantités d’explosifs est toujours d’actualité. Cependant, les conclusions de l’enquête sur la catastrophe de Dailly ont permis de développer des systèmes plus sûrs pour le stockage de la munition dans les dépôts et conduit à une augmentation très importante de la sécurité dans les ouvrages fortifiés. Le sacrifice des victimes de cette tragédie n’aura ainsi pas été vain.
Pierre Frei