C’est bien tôt que notre équipe d’Asmemiens a dû se lever pour se rendre au nord, près du poste frontière de Koblenz. Les Valaisans sont partis aux aurores et ont pris en route les Vaudois et Genevois. C’est à Fribourg que tout le monde a pu apprécier le PDP, petit déjeuner de Parking, organisé par notre vice-président Serge.
Pour compléter notre équipe de choc, nous avons pris en charge à Olten les Neuchâtelois, les Bernois et les Jurassiens. Les participants des autres cantons sont allés directement à Full-Reuenthal.
Plutôt que de rejoindre le nord par le tunnel, nous avons fait un passage par le chemin historique de premier plan du Hauenstein. Au temps des Romains, il était l’axe qui permettait de relier Augusta Raurica. Les restes de la fortification d’Hauenstein sont biens visibles pour les promeneurs.
C’est une immense construction se développant sur des dizaines de kilomètres. Elle a été érigée durant la 1ère Guerre mondiale pour protéger la ligne ferroviaire et les cols du Jura. Avec les fortifications du Vully qui, elles barraient l’axe sud ouest du plateau, la «Fortifikation Hauenstein» appartient à l’histoire moderne suisse. Elle était censée empêcher l’ennemi de pénétrer dans le Mittelland suisse et protéger le nœud ferroviaire d’Olten. Des soldats entamèrent sa construction juste après la mobilisation générale du 1er août 1914.
En raison de sa situation géographique sur le cours supérieur du Rhin, là où l’accès du nord vers le Plateau est le plus aisé et le plus court, l’Argovie réagit de manière particulièrement sensible lorsqu’un nouveau danger se dessina après la prise du pouvoir par Adolf Hitler au nord. En 1933, Rudolf Minger déclara dans l’enceinte de l’amphithéâtre de Vindonissa: «Jamais, notre peuple n’acceptera une mise au pas selon le modèle allemand!». Minger réclama et obtint les moyens financiers nécessaires. Ces derniers furent, entre autres, affectés à la construction de fortifications sur la frontière telles que préconisées par Eugen Bircher, médecin, militaire et politicien argovien.
Le musée de Full Reuenthal a fait l’objet d’un article dans notre précédent bulletin et je ne vais pas revenir sur les aspects techniques de cette association. L’accueil que nous a réservé cette association était remarquable et vraiment très très chaleureux. Dans une ambiance d’arrière-salle d’arsenal, lumière tamisée et odeur de graisse à canons, nous avons pu apprécier des produits locaux. Après un repas tiré de la gamelle, nous nous sommes rendus au fort de Reuenthal. Il est à ce point bien entretenu que l’on se croirait dans une clinique. La muséographie est remarquable. En préambule, nous avons eu une explication de la situation tactique. Nous avons ensuite parcouru en deux groupes les intérieurs de cet ouvrage.
La cerise sur le gâteau fut le l’ouvrage d‘infanterie Koblenz-Tunnel. Sa forme circulaire est très rare en Suisse ! Afin d‘interdire des actions de franchissement d‘infanterie, on installa en 1938/39 des fortins pour mitrailleuses tout au long des rives du Rhin; dans la région du coude du Rhin de Rietheim, on plaça ces derniers jusqu‘au pied de la colline et on les compléta par un obstacle de rails battus, liquidés depuis. Cette position de barrage contrôlait l’entrée de l’axe d’attaque principal de la vallée de l’Aar. La densité des fortifications dans ce secteur frontière y est liée.
Le dispositif que nous avons visité, près du tunnel ferroviaire, est un point d’appui. Il dispose d’une installation peu commune (ouvrage d’infanterie avec des galeries pour fusillades), de positions pour fusils mitrailleurs et d’abris pour la troupe, qui ont déjà été acquis par l’Association du Musée de forteresse Reuenthal.
C’était un réel bonheur que de se retrouver sur les hauteurs de Koblenz, en cette fin d’après-midi !
Nous sommes partis sur les routes avec les cars « Buchard ».
Epuisés, mais la tête pleine de souvenirs et surtout l’envie de reprendre la route de la découverte asmémienne…
Une visite à Thoune sera organisée l’année prochaine par notre vice-président.
Col Pascal Bruchez
Sources : Inventaire des ouvrages militaires – Maurice Lovisa